Sophie de Grouchy
Voici une brève bio, ou plutôt une simple présentation, un peu "en vrac", de cette personnalité importante ayant vécu sur le territoire de ce qui n'était alors pas encore le Val d'Oise.
Je commence avec cet autoportrait, (réalisé à l'âge de 28 ans), puisque c'est avec celui-ci que je l'ai connue.
Sophie - je l'appelle par son prénom - Sophie, dis-je, est née le 8 avril 1764. On sait pas trop où puisqu'à l'époque le fichage n'était pas encore très au point. Mais, parait-il, quelque part entre Paris et le château de Villette où vivaient ses parents, et où elle grandit.
Elle s'y maria, aussi. Devenant marquise de Condorcet cause qu'elle épousait le marquis du même nom. ("Du même nom", c'est pas son nom. C'est Condorcet, son nom). Elle avait 22 ans (et demi), et lui 43. C'était le 28 décembre 1786. Pourquoi en décembre ? Outre le fait qu'il n'y ait aucune interdiction à ça, peut-être parce que la famille était déjà rassemblée pour Noël et que ça n'était pas facile de faire venir tout le monde en juin. Mais ça n'a pas une grande importance. Le témoin de Sophie - et même plus que ça d'après le Voici de l'époque - était le marquis de Lafayette, ami du couple. (Une amitié qui ne passera pas la Révolution...). Son oncle, Charles Dupaty, était aussi présent. Et sa copine Aimée de Coigny, ("La jeune captive" du poème d'André Chénier), devait être là aussi. (Je ne sais plus. Moi je n'y étais pas). La cérémonie a eu lieu dans la petite chapelle du château, pas à l'église.
Sophie n'était pas super-branchée Eglise. C'est peu d'le dire. Afin de pouvoir toucher sa prébende de jeune noble, (genre j'ai toujours su ce que ça voulait dire), elle a dû se taper un séjour chez les chanoinesses, à peu près 2 ans plus tôt, à Neuville-les-Dames. Elle en est revenue totalement mécréante. Le marquis, lui, c'est son éducation chez les jésuites qui a dû l'éloigner de la religion.
Elle a tenu un salon philosophique, (un "foyer de la République"), à l'Hôtel des Monnaies, où le marquis était inspecteur et où vivait le couple.
... Avant de partir au 505 rue de Lille, alors rue Bourbon, toujours à Paris.
Aujourd'hui, la rue ne va pas jusqu'au 505, alors dans le doute j'ai photographié le 105. (Et la photo de l'Hôtel des Monnaies a été prise "au hasard")
Je ne m'étends pas sur la Révolution, malgré que les Condorcet et leur entourage y aient été très actifs. Je signale juste que Sophie est présente sur le Champs-de-Mars, le 17 juillet 1791, avec sa fille Liza agée d'un peu plus d'un an, lorsque Bailly, (maire de Paris), et Lafayette, ordonnent aux soldats de tirer sur la foule. Et ça, évidemment, ça n'a pas trop plu à Condorcet qui n'était déjà plus très pote avec Lafayette.
Pas deux semaines avant ses 30 ans, Sophie est veuve (mais ne le sait pas tout de suite). En effet, arrêté le 27 mars 1794 à Clamart suite à ses embrouilles avec la bande de Robespierre, (pour faire court), Condorcet meurt en prison à Bourg-Egalité, c'est-à-dire Bourg-la-Reine (!) le 29. Emprisonné, il aurait trouvé qu'il avait trop d'r, mais pas assez d'o. Il s'empoisonna donc. Ou bien on l'empoisonna, on sait pas trop en fait. Du moins certains émettent des doutes. Mais la version (souvent) retenue est qu'il aurait utilisé le poison que lui avait donné son ami Georges Cabanis, célèbre médecin qui épousera en 1796 Charlotte de Grouchy, la soeur de Sophie. Cabanis était propriétaire du château de Seraincourt, non loin de Condécourt (la commune sur laquelle se situe le hameau de Villette et qui, à un "u" près, est l'anagramme de Condorcet).
Le 14 juin 1794, c'est le grand-père de Sophie, Fréteau de Saint Just, qui est guillotiné.
En 1798, elle s'installe à Meulan.
A noter que le frangin de Sophie, Emmanuel, a été maréchal de Napoléon, (avec qui elle n'était pas pote), et qu'il était à Waterloo... Ou plutôt, qu'il aurait dû y être. D'où la râclée. Bref.
Sophie de Grouchy meurt à Paris le 8 septembre 1822, et est enterrée au cimetière du Père Lachaise, Division 10.
Ca fait pas vraiment Happy End, mais bon, la bio devait se terminer comme ça.
[ Si vous voulez "aller plus loin", et/ou si vous n'avez rien compris, il y a le livre "Condorcet, un intellectuel en politique", par Elisabeth et Robert Badinter, et le blog http://sophiecondorcet.canalblog.com/archives/2006/11/30/3307136.html]